Soyons francs, l’Évangile dérange.
Il pousse celui qui la lit et l’étudie à nager à contre-courant de ses croyances personnelles et de la doxa populaire. Qu’entend-on communément concernant l’amour ? Qu’il se mérite, qu’il ne se donne pas à n’importe qui. Toutefois, ce discours semble être en totale contradiction avec le discours biblique. Alors que Jésus dira
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
(Jean 13.34), le monde rectifiera en disant “Aimez uniquement ceux qui vous aiment”. Tandis que l’apôtre Paul nous exhortera à “considérer les autres supérieurs à nous-mêmes” (Phil.2.3), la société proposera au contraire de ne jamais se placer en position de faiblesse.
Et pourtant, Jésus-Christ, le divin modèle, l’a fait. Il a aimé l’Humanité alors qu’elle ne méritait que la mort. Il a sauvé l’homme déchu bien qu’il ne fût pas digne de recevoir la vie éternelle. Il est mort sur la croix pour des hommes et des femmes insoucieux de leur salut.
Ainsi, l’amour pur et inconditionnel que le Seigneur nous invite à expérimenter envers ceux qui semblent ne pas le mériter (tout comme nous, 2000 ans plus tôt) sera la preuve insigne de notre appartenance à Dieu (Jean 13.35). Mieux : le gage irréfutable de l’existence de Dieu (argument ontologique), car qui, à part Dieu, peut conduire l’Homme à aimer son ennemi ?